Dojinshi : quel est ce type de manga japonais

Entre le manga, l’artbook et la création amateure, entrez dans le monde riche et atypique des dojinshis, ces ouvrages et productions originales japonaises.

Au Japon, le manga est une véritable institution. Que ce soit via la publication de tomes entiers ou de chapitres hebdomadaires dans les magazines, seuls les artistes repérés par des maisons d’édition peuvent avoir la chance d’être publiés et d’avoir un contrat.

Mais partout dans le pays, il existe des milliers d’artistes amateurs passionnés et désireux de partager leurs créations. Or, tous n’ont pas la chance d’être repérés ou publiés dans les grands noms comme le Weekly Shonen Jump.

Alors pour ces artistes amateurs, il existe une alternative aussi connue au Japon que les mangas classiques : les dojinshis. 

Qu’est ce qu’un Dojinshi ?

Le mot dojinshi (qui peut également s’écrire doujinshi) est en réalité né de la contraction de deux mots : dōjin et zasshi. En Français, le terme peut être traduit par « revue de cercle ». Concrètement, il désigne un recueil qui a été publié par un artiste amateur partageant sa passion avec un cercle de passionnés. S’il peut être lié à la littérature, le terme est surtout utilisé dans le monde du manga. 

Plusieurs histoires dojinshis proposés en auto-édition
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Souvent, le dojinshi désigne un manga, une nouvelle, une histoire originale ou un artbook (un recueil d’illustrations) créé et édité par un amateur. Selon les moyens et la popularité de l’artiste, les tirages de ces œuvres originales peuvent être très limités.

Quelle différence y a-t-il entre le Dojinshi, le fanzine et les mangas classiques ?

De par son coté publication amateure, il est facile de comparer le dojinshi aux fanzines européens. Or, ces derniers sont légèrement différents. Généralement, le dojinshi n’est réalisé que par un seul artiste. Il peut y avoir des collectifs mais ceux-ci restent rares.

Tandis que le fanzine regroupe souvent plusieurs artistes désireux de partager des productions sans thème commun entre eux.

Lire des dojinshis est exactement comme lire des mangas classiques

Les productions sont souvent éditées sous forme de tome comme des mangas classiques. Mais ceux-ci sont plus libres dans les lignes éditoriales, peuvent être moins couteux à produire pour les auteurs et touchent un pourcentage plus important qu’avec un manga édité sur les ventes réalisées.

Entre œuvres originales et fanfictions érotiques

Étant alimenté par l’imagination des artistes et auteurs de tous âges, le dojinshi se prête à tous les genres et tous les types d’histoires. Ainsi, il est possible de trouver des créations originales avec des personnages encore jamais vus ou des réinterprétations de mangas cultes comme l’Attaque des Titans, One Piece, Demon Slayer ou My Hero Academia.

Un dojinshi fan art sur le thème de Demon Slayer
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De l’action à la romance en passant par les thrillers, les passionnés de mangas peuvent découvrir de nouveaux talents et lire des histoires en lien avec leur genre préféré. Cependant, le doujinshi est souvent associé à l’international à un genre particulier : le manga érotique.

La romance et l'érotisme sont des thèmes récurrents dans les dojinshis
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Partagées par le passé sur des sites dédiées, les histoires ecchi (c’est à dire érotique) ou hentai (pornographiques) sont très nombreuses. Il est d’ailleurs systématique d’en croiser sur les salons et conventions nippones dédiées au dojinshi.

Un genre qui réunit amateurs et professionnels

Si le genre du dojinshi est essentiellement amateur, cela ne veut pas dire que les professionnels du métier sont exclus. D’ailleurs, ils ont été nombreux à être passés par cette case avant de débuter leur carrière de mangaka à temps plein.

Plusieurs mangakas ont commencé en faisant des doujinshis
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Plus étonnant encore, les auteurs continuent de dessiner ces mangas car ils offrent plus de liberté. En effet, ils n’imposent pas de contraintes de la maison d’édition, que ce soit en terme d’histoire, de publications hebdomadaires… Les mangakas peuvent donc dessiner ce qu’ils aiment et le partager avec des passionnés.

Dans ce domaine, les mangakas professionnels peuvent utiliser un nom de plume uniquement dédié aux dojinshis ou utiliser leur vrai nom. Parmi les auteurs qui se sont prêtés à l’exercice ou continuent d’en créer, on trouve :

  • Monkey Punch, auteur de la série de mangas Lupin III
  • Awa Mizuno (nom de plume de Ken Akamatsu, auteur de Love Hina et Negi-Ma)
  • Koshi Rikudo, auteur d’Excel Saga
  • Le collectif CLAMP (xxxHolic, Chobits, Card Captor Sakura…)

Où est-il possible d’acheter des dojinshis ?

En dehors du Japon, ces productions amateurs peuvent être très difficiles à acheter. Il arrive par exemple que des artistes japonais soient invités à participer à des salons Français comme la Japan Expo ou la Paris Manga. Néanmoins, ces occasions restent rares.

Passer par Internet reste l’option la plus simple pour en trouver. Toutefois, il faut faire preuve de patience, prendre en compte les frais de port parfois élevés ainsi que les potentiels frais de douane. De plus, la popularité des artistes amateurs peut influer sur le prix de ces productions parfois éditées en quantité limitée.

Pour trouver des doujinshis, il est recommandé de passer par le site japonais Mandarake. Site spécialisé dans les produits d’occasion, il propose une catégorie dédiée à ces productions. Les tarifs peuvent aller de 200 yens à plus de 13 000 yens pour certains produits rares ou peu édités.

Passer par les plateformes d’occasion comme le eBay japonais peut aussi être un moyen d’obtenir des dojinshis hors des frontières du Japon. Mais si vous avez la chance de visiter le pays, il existe un lieu où dénicher des centaines de productions. Et ce dernier est devenu une véritable institution.

Le Comiket : le salon de référence pour les publications amateurs

Abréviation de Comic Market, le Comiket est la plus grande convention nippone dédiée aux productions amateures. D’ailleurs, elle ne propose pas uniquement à la vente des doujinshis. Les amateurs peuvent présenter de la musique, des jeux auto-édités, du cosplay ou encore des light novels.

Deux stands lors d'une édition du Comiket
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S’il existe d’autres conventions organisées dans l’année, le Comiket reste la plus prestigieuse et la plus visitée. Organisée depuis 1975, elle a lieu deux fois par an : une fois à la mi-août et une autre édition fin décembre.

Alors si vous avez la chance d’être au Japon à cette période et que vous cherchez des dojinshis, ne manquez surtout pas cet évènement se déroulant sur 3 jours !

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